« Ici et maintenant »

Publié par Salvatore Scire le

Le « ici et maintenant » est un aspect très important, voire essentiel pour Vittoz.

Ces jours-ci, j’ai pu lire deux écrits que j’ai beaucoup aimé et que je vous soumets.

Le premier est une petite pensée de sainte Thérèse de Lisieux :

Spiritualité de Sainte Thérèse de Lisieux, de la « petite voie ».
« Ne vous préoccupez jamais du passé ou de l’avenir et vivez le moment présent. Ne te tourmente pas pour demain, mais confie-le à sa Providence. Laissez tout à Dieu. »

Le second est un article d’un prêtre italien – Aurelio Porfiri – que j’ai traduit pour vous.

Bonne lecture à tous !

« Vivre le présent, nécessaire pour veiller sur l’avenir »

J’ai vécu récemment un moment délicat lié à des raisons de santé. La grande anxiété que j’ai ressentie m’a fait réfléchir sur quelque chose qui a une valeur métaphysique : une grande partie de la souffrance que nous nous infligeons est liée au fait que nous ne voulons pas vivre le moment présent. Nous préférons nous tourmenter dans le passé ou avoir peur de l’avenir, mais de cette façon nous échappons au seul moment réel qu’on nous donne à vivre, lié à notre aujourd’hui, à l’ici et maintenant. Hier il n’existe plus, il est passé et il ne revient plus ; demain, qui peut vraiment le prévoir ? Bien sûr, nous devons chérir le passé et être prévoyants pour l’avenir, pour ce qui est possible.

Mais l’angoisse pour eux ?

Le livre de L’Ecclesiaste (3, 1-9) nous met dans la bonne perspective :

Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel :un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire.
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser.
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les amasser ; un temps pour s’étreindre, et un temps pour s’abstenir.
Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter.
Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler.
Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
Quel profit le travailleur retire-t-il de toute la peine qu’il prend ?

Il est inutile d’être anxieux à l’idée d’avoir le contrôle de tout ce qui nous arrive, il y a un temps pour tout, un temps qui se déroule selon le dessein de notre vie comme Dieu le veut. Après tout, Jésus nous invite aussi à ne pas nous inquiéter (Mt 6, 25-34):

C’est pourquoi je vous dis : Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?  Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?”  Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.  Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.  Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.

Si nous pouvions vivre ce passage, seulement ce passage, avec un grand transport intérieur, notre vie serait complètement différente. Mais nous ne pouvons pas le faire, soyons honnêtes avec nous-mêmes, nous préférons vivre dans l’angoisse qui nous prend quand nous sommes écrasés par la pensée du passé et de l’avenir, qui n’existent plus ou n’existent pas encore. Dans le chapitre XI de ses Confessions, saint Augustin l’avait certainement bien intuitivement et l’avait érigé en problème philosophique :

Ainsi donc, ce qui maintenant est clair et bien démontré, c’est que le futur et le passé n’existent point. On ne peut dire, à proprement parler, qu’il y ait trois temps, le passé, le présent et le futur ; mais peut-être serait-il plus juste de dire :  » Il y a trois temps, le présent des choses passées, le présent des choses présentes, le présent des choses futures.  » Ces trois choses existent en effet dans l’âme, et je ne les vois pas ailleurs : le présent des choses passées, c’est leur souvenir ; le présent des choses présentes, c’est leur vue actuelle ; le présent des choses futures, c’est leur attente. Si l’on me permet de l’entendre ainsi, je vois et je conviens qu’il y a trois temps. Que l’on dise encore :  » Il y a trois temps, le présent, le passé et l’avenir  » ; qu’on le dise par une coutume abusive, je m’en inquiète peu ; je ne m’y oppose pas, je ne blâme rien, pourvu cependant qu’on entende ce qu’on dit et que l’on convienne de ces deux choses, que l’avenir n’est pas encore et que le passé n’est plus. Il y a en effet peu de choses dont nous parlions exactement ; et la plupart du temps le mot propre nous fait défaut ; mais on ne comprend pas moins ce que nous voulons dire.

Nous nous exprimons inexactement, précisément parce que nous nous écrasons entre passé et futur, qui ne sont pas en notre pouvoir. Le seul pouvoir, si nous pouvons le dire de façon incorrecte, nous l’avons aujourd’hui. Après tout, tout cela avait déjà été intuité par Sénèque, qui demandait «à vivre chaque jour comme si c’était le dernier»

Comme il est difficile d’appliquer tout cela, mais pas moins strictement nécessaire. Notre douleur est cette ascension continue vers notre aujourd’hui, une ascension qui doit être renouvelée avec l’effort et le poids de chaque jour que Dieu nous accorde sur cette terre.

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