Le docteur Vittoz

Morges, Lausanne, Genève – Naissance de la METHODE

Né à Morges, Roger Vittoz passa son baccalauréat à Lausanne où il entama des études de médecine qu’il acheva à la Faculté de Genève où il reçut, à 23 ans, son grade de médecin summa cum laude.

Nous savons que les suites d’une grave scarlatine sont à l’origine des recherches qu’il a entamées à la même époque et qui ont abouti à l’élaboration de sa Méthode, méthode tout à fait originale puisque c’est sur lui-même qu’il l’a forgée et expérimentée dans ses détails, avant de l’offrir à ses patients. 

Après avoir exercé à La Brévine, où il se prodigua sans compter, il s’installa dans le canton de Neuchâtel, aux Verrières, près de la frontière française et fut conduit à s’intéresser toujours davantage aux psychasthéniques qui venaient grossir sa clientèle de médecine générale.  

Un rayonnement international

Les succès qu’il obtint avec des malades réputés incurables le firent connaître jusqu’aux Etats-Unis, ainsi qu’à la cour impériale de Russie et on surnomma Train Vittoz le rapide qui venait de Paris et passait aux Verrières.  En 1904, devant cette notoriété croissante,  le Dr Combe, médecin et professeur de pédiatrie, insista pour qu’il vînt s’installer auprès de lui à Lausanne afin d’y prendre en charge une clientèle étrangère déjà importante. Le 8 décembre de cette même année, le Dr Vittoz annonça donc son départ à la commune des Verrières, et la consternation fut grande, tant il y avait éveillé d’affection.  Son souvenir y était évoqué avec émotion bien des années plus tard.

La célébrité de Vittoz lui attira la clientèle de bien des grands de ce monde.  Avec la même simplicité, il recevait riches et pauvres et la souffrance seule le trouvait attentif et toujours disponible.  Qu’il n’ait pas « fait fortune » prouve que son désintéressement égalait son inlassable et si délicate bonté.  Jusqu’à l’extrême limite de ses forces, il vécut pour ses malades.  

Publication

En 1911, il confia aux éditions Baillière à Paris le manuscrit exposant le résultat de ses recherches.  Depuis cette première édition, le Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral connaît une diffusion ininterrompue. 

Vie et mort du Dr Vittoz

Jeanne de Lenoncourt, avant-dernière de douze enfants, était devenue son épouse, à Paris, en l’église Saint-Philippe du Roule, le 28 juin 1905.  Le jeune ménage vécut à Lausanne, villa Cimerose, avenue des Tilleuls, à mi-hauteur de l’avenue d’Ouchy.  Pendant vingt ans encore, le docteur Vittoz accueillit là, avec son infinie bonté, le défilé ininterrompu des « nerveux » venus le consulter du monde entier.  

Exactement un an avant sa mort, il se sut gravement atteint physiquement, ce qui fut confirmé par l’apparition des premiers symptômes du cancer qui devait l’emporter.  « J’ai fait tout de suite mon acceptation et cela m’a beaucoup aidé. »  Son inaltérable sérénité au milieu des grandes souffrances fut la meilleure « preuve » de la vérité profonde de tout son enseignement.

Ainsi qu’il avait vécu, gardant jusqu’au bout sa lucidité comme il l’avait désiré, c’est en grand chrétien qu’il s’éteignit chez lui, à Lausanne, dans la matinée du Vendredi Saint 10 avril 1925. 

Ses obsèques furent célébrées trois jours plus tard au temple de la Croix d’Ouchy. 

Il n’entre pas dans le cadre de cette brève évocation de retracer le chemin parcouru par la Méthode.  Il suffit de dire qu’elle est une semence de vie qui ne cesse de porter des fruits grâce à des dévouements aussi discrets que compétents.  Ecole de sagesse, il faudra toujours, pour garder son authenticité à l’abri de toute contrefaçon, la probité et le travail persévérant des « apôtres » que demandait le docteur Vittoz.  Son appel n’a pas fini d’être entendu.

(D’après la biographie parue dans Notes et Pensées, Pierre Téqui éditeur) .

Le Léman face aux Alpes suisses
(vue aérienne à hauteur de Morges – crédit photo: Hansueli Krapf)