Une rééducation en trois étapes
Chaque étape sollicite le contrôle cérébral, le rééduquant en douceur.
Les séances sont nécessairement individuelles.
Chaque exercice, chaque étape, est « contrôlée », vérifiée, par la sensation sous la main de l’éducateur effleurant le front de l’élève.
1 – LES EXERCICES DE RECEPTIVITE SENSORIELLE
Ils ont pour but de rétablir une juste connaissance du monde qui nous entoure : voir les couleurs, les formes et les objets, entendre les bruits, les sons et le silence, toucher et apprécier les différentes matières et ambiances qui nous entourent : le froid, le chaud, le dur, le mou, le sec, le mouillé, le lisse et le rugueux… pour le goût et l’odorat, également.
La clé de ces exercices est la suivante : il s’agit avant tout de sentir et non de penser ce que l’on ressent : si on reçoit la sensation visuelle du bleu, sur un vase par exemple, on se contentera de s’imprégner de ce bleu, sans faire intervenir son goût personnel ou son jugement (« c’est un joli bleu ») ou ses connaissances (« ce bleu est obtenu à partir de l’indigo »).
La réceptivité sensorielle permet aussi de percevoir les sensations de son corps, dans le mouvement ou dans le repos, dans la marche et dans les gestes devenus machinaux comme tourner une clé dans la serrure. Le travail de réceptivité ouvre la voie aux actes conscients.
Les exercices de réceptivité sont une brève gymnastique à pratiquer à tout instant. Ils mettent au repos notre activité cérébrale envahissante et tempèrent les émotions. Ils nous donnent à goûter la beauté des choses, ils nous rendent intelligents…
2 – LES EXERCICES DE CONCENTRATION
Lorsque la réceptivité est installée, on pratique ensuite les exercices de concentration qui rééduquent nos capacités de réflexion, de mémoire et d’action, c’est-à-dire notre émissivité. La concentration s’exerce non dans l’effort mais dans la détente.
Avec les exercices dits « graphiques » on s’exerce à la concentration dans l’activité mentale : penser, préparer une décision. Voici, par exemple, l’avis d’une personne qui dessine d’abord « hors concentration », puis qui se corrige.
- premier temps : « Je m’attaque au graphique représentant l’enveloppe. Je commence vite, gratifié de retrouver par le raisonnement le trajet du crayon. J’anticipe déjà le résultat, du coup… je ne sens plus l’acte de dessiner…. et je me trouve tout à coup le crayon levé, j’ai fait une erreur ; j’en prends acte, le dessin est interrompu… »
- deuxième temps : »Je repose alors crayon et papier et je respire en réceptivité. Il faut que je sente ce graphique dans son déroulement, et non que je le pense. Je me remets à dessiner, calme et concentré. Et je réussis le graphique, plusieurs fois de suite.«
On s’exerce également à la concentration sur un point précis du corps, comme par un faisceau convergent de réceptivité : sentir son genou, son poignet, la plante de ses pieds… Cela apporte immédiatement un bien-être que la respiration accompagne et amplifie.
3 – LA REEDUCATION DE LA VOLONTE
Ni tension, ni volontarisme, la volonté éduquée s’appuie sur la réceptivité, la concentration et les actes conscients. On rééduque sa volonté une fois que ces acquis sont bien intégrés. Vittoz lie étroitement acte de volonté et sincérité du vouloir.
L’acte de volonté se prépare à l’avance en le visualisant mentalement. Un petit scénario en 4 points est mis en place :
- Je nomme très précisément l’action qui sera l’objet de mon acte de volonté : « Ce soir, je fais mes comptes (que je remets depuis 8 jours). »
- Je situe mon action dans le temps et le lieu : « Après 21 h, devant mon ordinateur. »
- Je m’interroge sur la sincérité de mon vouloir : la réponse doit être un oui sincère (ressenti sincère en moi-même) : « Est-ce que je veux vraiment faire mes comptes ce soir ? »
- Je prends la décision en m’appuyant sur une respiration profonde : « Je veux le faire, et je le ferai ! »
En agissant ainsi, on développe une énergie juste et sans tension inutile : en se mettant à ses comptes, le soir venu, on constate qu’il est aisé et même agréable de réaliser l’acte de volonté ainsi préparé. Peu à peu, comme pour la réceptivité et la concentration, la volonté sincère prend place dans notre vie et donne un essor à nos décisions et entreprises.
Si l’on n’obtient pas la sincérité du vouloir, il convient d’en rechercher la ou les causes et de les éliminer ou encore de renoncer à l’action initialement prévue. Mais « volontairement », c’est-à-dire consciemment.
Les séances sont individuelles, le travail n’est pas analytique ; il consiste en une rééducation fonctionnelle du contrôle cérébral.
L’élève apprend à s’approprier les exercices et en se les assimilant à modifier progressivement son comportement, recueillant peu à peu leurs fruits en sensation d’équilibre et d’apaisement intérieurs.